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RIVIERE / STRICKER : Héros de guerre
Cette page retrace le portrait de deux héros de guerre « prunay-gilloniens » : Jacquelin Rivière et Howard Stricker
L’un est né à Prunay et a a œuvré pour la libération, loin de notre village ; l’autre a quitté son Maryland natal pour défendre notre pays et a péri à Prunay.
Deux parcours différents, deux destins parallèles et deux fins héroïques…
Jacquelin RIVIERE, le résistant
Jacquelin Léon RIVIERE est né le 17 août 1920 à Frainville. Il est le fils de Fernand Henri, mécanicien et de Marie Madeleine FONTAINE. Le père de Jacquelin a été soldat lors de la première guerre mondiale. Envoyé en Orient en tant que sapeur-télégraphiste, il rentre en France affaibli par le paludisme. Il a une soeur Ernestine RIVIERE qui n’est autre que l’épouse d’Henri JARDRY alias Henri CORNET, notre cycliste local.
Est-ce la figure héroïque du père qui incite le jeune Jacquelin a défendre lui aussi son pays ? en tous les cas, il s’engage dès octobre 1939, à 19 ans, dans la Marine Nationale. Il est d’abord matelot puis quartier-maître. Le 3 juillet 1940, il rejoint les Forces Navales Françaises Libres. En 1943, il passe Quartier-maître 2ème Classe.
Le 23 juin 1943, il est incorporé au 1er Bataillon de fusiliers marins commandos. Ce bataillon a été créé par Philippe Kieffer en mars 1943, à l’issue d’un stage de formation au camp des Royal Marines d’Eastney, la compagnie prend officiellement le nom de : «Compagnie de Fusiliers marins Français» et demande à être incorporée à une unité britannique. Ce commando porte le béret vert «à l’anglaise». Ce même Kieffer participera activement au Débarquement du 6 juin 1944 sur les côtes normandes. Ses soldats furent les premiers Français à débarquer pour libérer la France.
Jacquelin suit une formation au Centre d’entrainement d’Achnacarry, en Écosse, un centre réputé pour soumettre les fusiliers marins à de rudes épreuves : capacités physiques et mentales sont testés.
Il fait partie de la Troop 8 commandée par Charles Trépel.
Opération Premium – Février 1944
L’objectif de ce raid était de rétablir la communication avec la résistance hollandaise. Selon d’autres sources, le but de ce raid était d’aller repérer un site de lancement de fusées V2. Le commando devait pour cela débarquer à 8 km au nord de Scheveningen, sur la plage de Wassenaar (Pays-Bas)
Le programme fut le suivant :
- Départ 27 février à 16h de Great Yarmouth (côte est de l’Angleterre) à bord d’une vedette anglaise.
- Avec deux heures de retard prévu sur l’horaire (problème de navigation), la vedette approche des côtes néerlandaises vers 1h20.
- 8 soldats prennent place dans un doris (le doris est une embarcation d’origine américaine, en bois à fond plat, de longueur hors-tout cinq à six mètres)
- 6 soldats rejoignent la côte avec un canot pneumatique (un dinghy), vers 2h00 (ils devaient être récupérés vers 4h00)
les 6 hommes ont bien accosté sur la plage, à 2h00 du matin, malgré l’apparition dans le ciel, de fusées rouges lancées depuis la côte.
Après une longue attente, le canot n’est pas réapparu.
Les 2 résistants restés à l’écart sur leur doris ont semble–t’il entendu des aboiements de chiens, des cris et aperçu des lueurs de lampes électriques.
Aucun coup de feu ne s’est fait entendre.
Vers 5h00, les deux occupants de ce canot finissent par regagner la vedette, transis de froid. La vedette rentre vers le port anglais de Great Yarmouth, sans les soldats…
Un raid qui a échoué…que s’est-il passé ?
L’explication la plus probable :
– Les Allemands étaient au courant du raid et attendaient les résistants sur la plage avec les chiens, fusées colorées…
– Pourquoi alors ne pas avoir rebroussé chemin sur le doris situé à 30 m de la plage ?
– La corde reliant le doris au canot pneumatique a été sectionnée, pourquoi ?
– De qui provenaient les cris entendus sur la plage ?
Les rapports allemand et néerlandais consultés après-guerre ne donnent pas d’explication
Dessin de Chauvet un des soldats du raid resté dans la vedette britannique
Echec du raid et dÉcouverte des corps
Le lendemain du raid, le 29 février 1944, à 2 h 30 du matin, des soldats allemands sont alertés par la découverte, sur le rivage, d’un dinghy avec trois corps à bord. Un quatrième est retrouvé dans le même secteur peu après.
Il s’agit de ceux de Jean Hagnéré, René Guy, Jaquelin Rivière et Roger Cabanella.
Le corps de Charles Trepel est retrouvé une semaine plus tard, après avoir dérivé. Deux mois plus tard, un sixième corps est retrouvé. Il s’agit de Fernand Devillers
Selon les autorités militaires allemandes, les corps des soldats sont enterrés rapidement par les autorités allemandes dans le cimetière militaire de La Haye identifiées par les Allemands comme étant celles d’aviateurs alliés inconnus !
Les corps sont rendus aux autorités françaises en 1945 et exhumés. Les corps ne semblent pas avoir été torturés, pas de traces de balles..
L’hypothèse la plus plausible : Trépel et ses hommes se sont cachés dans les dunes le temps que l’alerte allemande cesse, puis ont attendu le retour de la vedette la nuit suivante comme le voulait la procédure.
Les températures négatives cette nuit-là et vent, sur des hommes trempés ont sans doute provoqué leur mort par hypothermie pour l’essentiel de l’équipe et sans doute par noyade pour Trépel et Devillers
Hommage et monuments aux morts
![]() | Aux Pays-bas, un Mémorial est dédié aux 6 soldats du 1er BFM décédés sur la plage de Wassenaar. Le corps de Jacquelin Rivière a été rapatrié au cimetière de Prunay-le-Gillon. Il repose dans une tombe en marbre sombre surmontée de la croix de Lorraine. |
![]() | Le corps de Jacquelin Rivière a été rapatrié au cimetière de Prunay-le-Gillon. Il repose dans une tombe en marbre sombre surmontée de la croix de Lorraine. Il est inscrit sur le Monument aux morts de Prunay-le-Gillon, de Digny où habitait sa mère et sur la plaque commémorative du 1er BFMC de Ouistreham. |
Howard Stricker, l’aviateur
Howard G. STRICKER est né en 1916, c’est le fils de Charles H. Stricker (1893-1970) et de Joséphine Stricker (1894-1971).Il s’engage dans l’armée le 30 janvier 1943 à Miami Beach en Floride
Il est enrôlé dans l’armée de l’Air. A cette époque, comme l’indique les registres militaires, il est déclaré comme étant marié.
Il appartient au 405ème groupe de chasse (405th Fighter Group) de la 9ème Air Force (composé des 509ème , 510ème et 511ème squadrons) qui participe à la libération du territoire et à la bataille contre l’Allemagne.
Un combat aérien au-dessus de Prunay
Le lundi 14 août 1944, le 405ème groupe de chasse de la 9ème Air Force a pour mission de venir en soutien de la 7ème division blindée américaine dans la région de Dreux et de Chartres.
Huit chasseurs-bombardiers P-47 du 511ème FS, commandé par le Capitaine John R. WILLINGHAM, décollèrent de leur terrain de Picauville (Manche) pour arriver dans la région de Dreux vers 14H40. Soudain, ils furent attaqués par 16 chasseurs ennemis. Après un combat acharné, plusieurs avions sont abattus
3 pilotes décèdent :
- Lt Julian R. MORFORT(matr. 0-751401) s’écrase sur la Commune de Voise.
- Lt Robert C. HAAS(matr. 0-821697) s’écrase sur la Commune de Moinville-la-Jeulin.
- Lt Howard G. STRICKER(matr. 0-824770) s’écrase sur la Commune de Prunay-le-Gillon.
Si l’on en croit les témoignages de l’époque, l’avion d’Howard Stricker s’est crashé dans un champ, «derrière le hangar des Gastineau, en allant vers Cossay» et a pris feu.
Précisément au chemin d’intérêt commun n°336 selon l’acte de décès.
Obsèques à Prunay
Les obsèques du Lieutenant Howard G Stricker furent célébrées trois jours plus tard en l’église Saint-Denis et sa dépouille fut inhumée dans le cimetière communal.
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L’exhumation et le rapatriement de son corps aux Etats-Unis eurent lieu le 7 avril 1949. Il repose depuis au « Parkwood cemetery » à Parkville dans le Comté de Baltimore, Etat du Maryland.
Ces portraits ont fait l’objet d’une conférence qui s’est tenue le 4 juin 2024 à la Médiathèque de Prunay-le-Gillon
Vous pouvez télécharger cette présentation en format.pdf en cliquant sur ce lien : Conférence Rivière-Stricker – juin2024
Bonne lecture !
Carine Vanneau, 23 août 2025
P.S : Je recherche toute information complémentaire concernant l’aviateur Howard Stricker avec l’espoir un jour de commémorer avec sa famille (neveux, petits-neveux) le souvenir de ce soldat, à Prunay-le-Gillon…
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