La population de Prunay en 1901

Étude de la population de PRUNAY-LE-GILLON au début du XXème siècle, d’après le recensement de la commune réalisé en 1901

1901…Début de siècle. Prunay et ses hameaux comptent plus de 1000 habitants. Qui sont-ils ? Où se concentre essentiellement la population ? Quels sont les artisans et commerçants sur place ? Nous vous invitons à une petite visite du village en 1901 et en noir et blanc ! 

Le recensement de 1901 prend en compte les principales rues de Prunay, au nombre de 4 seulement : 

  • Rue de l’église
  • Grande Rue
  • Bout de Prunay
  • Les Cours

Et les hameaux : Boinville, Frainville, Gérainville, Les Vaux, Crossay, Ymorville, Le Hasard, Flosville et Augerville.

A l’époque, la numérotation des logements n’est pas contractuelle, les agents recenseurs donnent, par rue ou hameau, un « numéro de maison » et un « numéro de ménage » selon un ordre assez aléatoire, celui de leur itinéraire…comme le montre la comparaison des différents recensements où les habitations changent régulièrement de numéro.

En 1901, la rue de l’église (actuelle rue de la Mairie) est celle qui concentre le plus d’habitants : 302 individus, répartis en 98 « ménages » (un ménage pouvant être constitué d’une seule personne). Suivent la Grande Rue avec ses 128 habitants, le Bout de Prunay  (Rue d’Auneau actuelle) (64 habitants) et Les Cours  (Impasse des Cours ) (54 habitants).

Le hameau le plus peuplé à l’époque est Boinville (164 habitants), suivi de près par Frainville (149). Gérainville compte 94 habitants, Les Vaux 75, Crossay 57 et Ymorville 21.

Le Hasard, Augerville et  Flosville abritent chacune un seul « ménage » composé respectivement de 9 individus pour les 2 premières et de 3 personnes pour Flosville.

Ce document présente les rues, les familles, les artisans et commerces d’alors. Sont indiquées également les adresses des soldats morts pour la France quelques années plus tard lors du conflit 1914-1918.

RUE DE L’ÉGLISE – Actuelle Rue de la Mairie

Cette rue est sans conteste, la plus animée et la plus commerçante de Prunay, artère centrale du village, lieu d’échanges et de rassemblements avec pas moins de 5 cafés (que l’on pourrait renommée « Rue de la soif » !). Il semble que, pour le recensement, la numérotation de la rue commence à la fin de la rue de la mairie actuelle (numéros pairs), remonte en faisant une boucle sur la Place du 14 juillet puis redescend vers Frainville, côté des numéros impairs. Il y avait deux « quartiers » : celui de la mare du Croquenault (Croquenot), aujourd’hui disparue et celui de la Place. Cette rue semble aussi prendre en compte la rue de la Poste actuelle.

Rue de l’église - Quartier du Croquenot

Rue de l’église – Quartier du Croquenot. Au loin, près du Malaguet, on distingue un moulin

Au n° 1 de la rue de l’église habite Edouard PATY, rentier. Ce dernier a fait fortune avec son frère Fernand grâce à sa distillerie de jus de betteraves à sucre. En 1901, il est veuf et habite avec sa domestique Louise MARTIN. 

Au n° 3, Amédée CINTRAT  est couvreur. Il est son propre patron. Il loge son apprenti Georges COUSIN, 13 ans.

Les LECOMTE logent au n°4. M. LECOMTE est vacher chez M. MARCHON (Grande Rue). La maison abrite sa femme est ses 3 enfants, plus un enfant en nourrice. Son fils Paul, né en 1897,  décédera en 1918, pendant la guerre.

Henri Albert POUPARD, journalier,  habite au n° 5 avec femme et enfants. Son fils Lucien Théophile né en 1895 est l’un des plus jeunes soldats morts pour la France de Prunay (il avait 19 ans et 9 mois, en 1915).

 

Rue de l'église. vue en arricant de Frainville

Rue de l’église. Entrée de Prunay, côté Frainville. Au 1er plan, la distillerie des frères PATY

Une institutrice privée, Mme Adélaïde DORMEAU, 55 ans loge au n° 7 avec deux de ses adjointes : Mesdames VASSORT et GENDROT âgées de 28 et 53 ans. Il s’agissait probablement d’une école située dans une maison privée.

Au n° 16 de la rue, se trouve l’école de garçons (n° 18 actuel) où habitent un couple d’instituteurs de l’école publique : Gabriel ARNOUX, 45 ans et Léonie DAUVILLIERS, 40 ans, son épouse.

École des garçons - Mairie actuelle - vers 1900

École des garçons – Mairie actuelle- Début 1900

Dans la Rue de l’église, on vient faire ses courses chez le charcutier Henri PODEVIN qui habite au n° 12 (n° 22 actuel) et chez l’épicier Joseph POUPARD dont la boutique se trouve au n° 17.

M. POUPARD descend  d’ailleurs d’une lignée de commerçant puisque son père Félix était perruquier en 1887 et son grand-père Louis était Marchand Cabaretier Épicier dans les années 1850.

Devanture Boucherie Poitevin - Rue de l'église

Devanture de la boucherie Podevin – Rue de l’église

Au n° 21, habite la famille de Louis Stanislas GRANGER, cultivateur avec sa femme Pauline LABICHE et leur fils Louis Paul. Ce dernier décèdera lors du conflit de la 1ère guerre mondiale, des suites d’une pneumonie.

Son voisin, au n° 22, Félix Carolus, est également cultivateur. Il a 6 enfants, à l’époque, âgés de 9 mois à 12 ans. Comme les GRANGER, il perdra un de ses fils à la guerre, Henri Aimé, décédé à Thessalonique (Grèce) le 30 juin 1917 du tétanos.

La boutique de nouveautés : « A la Confiance » tenue par la famille DECOURTYE-LECOMTE est située au n° 23 de la rue (n° 10 actuel).  Ce magasin est spécialisé dans la confection : bonneterie, chapellerie, mercerie, chaussures…Plus tard, la mercerie sera reprise par un épicier : M. GOURLAY

Epicerie Gourlay - Rue de l'église

Non loin de ce magasin est installé un tailleur d’habits, Philis GOISSEDÉ au n° 25, vraisemblablement fournisseur du précèdent. Philis est le fils d’Eugène qui était lui-même tailleur d’habits dans les années 1850. L’autre tailleur, M. JOUSSET, tient une boutique au n° 43 de la même rue.

La rue de l’église est également la rue des notables qui se doivent d’avoir pignon sur rue. Ainsi le médecin Charles Victor AUBRY, également maire de Prunay de 1895 à 1908, habite au n° 26, tandis que son fils Emile a également un cabinet au n° 73 de la même rue (près ou sur la place du 14 juillet actuelle).

Le notaire M. Cléophas LESTRADE  officie dans cette rue au n° 34 avec son clerc de notaire  : M. Paulus MOULARD. Le clerc habite avec toute la famille du notaire (une femme, deux enfants) et la domestique Désirée, 16 ans.

Les maréchaux Gilbert GERMOND et Ernest BRACQUEMOND (et leurs apprentis) sont situés respectivement au n° 29 et  au n° 41.

Au n° 45, on trouve la famille BIGOT. Le père de famille, Louis est vacher chez M. FOULON. Deux des  garçons de la famille partiront à la guerre. L’un deux, Abel décédera en 1915.

A côté, au n° 46, une autre famille ne sera pas épargnée par la guerre, puisque Jules GRANGER, charretier chez Aimée GENET devra surmonter la mort de ses deux fils Étienne et Henri en 1915 et 1918.

Les JOUSSET, installées au n° 47 sont cultivateurs. Leur fils Eugène décédera lui aussi pendant le conflit en 1916.

Les cafetiers, au nombre de 5 sont tous situés entre le n° 54 et le n° 81 de la rue de l’église. Les cartes postales du début du XXème siècle présentent des photographies de ces établissements : ils sont installés sur une place qui n’a pas encore de nom bien défini à l’époque (« le Carrefour », « la Place », « la Place du commerce »…). C’est la Place du 14 juillet actuelle. La rue de l’église devait déboucher sur celle-ci.

Octave BOUGARDIER et ses 5 enfants sont domiciliés au n° 56 et tiennent « l’Hôtel des Voyageurs », situé au coin de la place (n° 1 de la Place du 14 juillet actuelle). L’un des fils du couple, Emile, deviendra d’ailleurs marchand de beurre et œufs à Paris, après la 1ère Guerre Mondiale. Joseph MOREAU tient un café au n° 54, Armand Lovinsky ( !) DELARUE au n° 58 et François AURIGNAC (originaire des Hautes –Pyrénées), est installé juste à côté au n° 59.  René, fils du couple AURIGNAC, participera au conflit mondial de 14-18. Gravement malade, atteint de paludisme, il deviendra Attaché sous-secrétaire d’état à l’Hygiène à Paris.

M. TEXIER ferme la Rue de la soif au n° 81.

La place

La Place – On aperçoit au fond l’épicerie GOURLAY (23 rue de l’église) et à droite le café-hôtel BOUGARDIER

La Place - Hotel des des voyageurs

La Place – Hôtel des Voyageurs

La receveuse des postes Mme Camille MORRY, 32 ans est domiciliée au n° 52 de la même rue. Le receveur buraliste M. Jean-Marie PENE est installé au n° 60.

Les artisans sont concentrés au même endroit, tels que François Xavier CINTRAT (et Fils), le tonnelier au n° 71, Albert BENOIST, le cordonnier au n° 74, l’horloger Onésime Silas ISAMBERT au n° 75 et le serrurier Henri  BAUMER et son apprenti au n° 77.

A noter que Raoul BENOIST, le fils du cordonnier, s’est distingué par la suite, lors de la Première Guerre Mondiale en devenant Maréchal des Logis au 1er Régiment d’aviation. Il est décédé le 26/08/1914 à Épinal des suites de ses blessures.

Au milieu des artisans, on trouve l’office du Docteur AUBRY Fils (Emile, 32 ans) qui s’est installé avec sa femme, son enfant et ses 2 domestiques, au n° 73 (peut-être dans la rue du Docteur Constant actuel ?)

La boulangerie d’Emile PERDREAU est située au n° 76. Il y habite avec avec sa femme, ses 3 enfants et ses deux domestiques. Ce qui devait être un commerce assez important. Il existait un four à pain à Prunay, situé à l’angle de la Grande Rue et de la rue de l’église (il existe encore la porte cochère de ce four banal).

Au n° 78, habite une famille de journaliers : les CALLU. Octave est le père d’Etienne Eugène, héros de guerre, lourdement blessé pendant la guerre (trépané) qui sera par la suite Maire de Prunay de 1935 à 1965.

Le curé M. BIGOT âgé de 58 ans habite au n° 79, au presbytère avec sa domestique Mme Isa BOULLET (58 ans).

Au n° 82 de la même rue, on trouve un cultivateur : Charles MASSOT (les MASSOT sont cultivateurs sur plusieurs générations). Sur d’anciennes cartes postales de Prunay, on peut voir dans la Rue de la mairie actuelle, un café MASSOT, peut-être tenu par son fils, cantonnier Jules dans les années 1910-1920 ?  Ce qui nous conforterait dans l’idée que la rue était bien numérotée sous la forme d’une boucle.

Vue de la mare du Croquenault – Café Massot

Vue de la mare du Croquenault – Café Massot

Le marchand de vins Paul Désiré MILLOCHAU ferme la boucle au n° 85. La famille MILLOCHAU est marchande de vins (Eaux de vie et Vinaigres en gros) depuis le début du XIXème siècle avec Louis François dans les années 1820 puis François dans les années 1840-1878 puis enfin Paul Désiré. Le fils de Paul Désiré, Abel, reprendra le flambeau au 15 bis rue de la Mairie quelques années plus tard.

La population de cette rue est pour le restant constitué d’une majorité de journaliers et de charretiers travaillant chez des propriétaires terriens de Prunay, des cultivateurs et des rentiers (généralement des femmes veuves de cultivatrices). Quelques veuves peu fortunées ou femmes de journaliers sont couturières ou lingères. Les domestiques habitent chez les notables ou les gros commerçants, ils sont également au service des rentiers.

GRANDE RUE

Beaucoup moins commerçante que la Rue de l’église et surtout absente de tout cafetier, c’est la rue des artisans, des travailleurs du bois, du cuir ou des peaux.

Ici, l’épicier Philotas GENET a pignon sur rue avec une épicerie (vêtements et chaussures) à l’angle de la rue. Son fils Aimé Lucien lui succédera dans les années 1920. Cette épicerie existe toujours aujourd’hui.

Devanture de l’épicerie GENET, à l’angle de la Grande Rue et de la Place du 14 juillet -1906

N iDevanture de l’épicerie GENET, à l’angle de la Grande Rue et de la Place du 14 juillet actuelle (1906)

Epicerie d’Aimé GENET dans les années 1920

Épicerie Aimé GENET, dans les années 1920

Au n° 4, un ferblantier, Eugène BAUMER, est installé. Une tradition puisque son père Eugène était déjà serrurier 30 ans plus tôt.  Son fils Fernand décèdera pendant la 1ère Guerre Mondiale, en 1915.

A ses côtés, au n° 5, on trouve le cordonnier M. MEUNIER, un jeune homme de 75 ans qui exerce toujours en 1901 selon le recensement de la population !

Un autre cordonnier, M. Philidor TARDIVEAU, s’est installé, quant à lui, au bout de la rue au n° 29. A noter que cet homme établi et père de plusieurs enfants s’engagera dans la Première Guerre Mondiale et décédera à 43 ans en 1916, lors de la Première Bataille de la Marne. C’est le Poilu de Prunay le plus âgé décédé lors de ce conflit.

Le cabinet du vétérinaire M.PELLEGRIS est situé, quant à lui au n° 7. Il y loge avec sa domestique.

Au n° 8, est installée la famille PARAGOT avec à sa tête Charles Lucien, maçon. Il a un ouvrier maçon, Clovis CELLOT, domicilié au 15 Grande Rue. Son fils Etienne Paul décèdera pendant la guerre en 1918. 

On trouve deux boulangers dans cette rue. Le premier, Benjamin Albert MARCHON,  loge au n° 14 de la rue, chez ses parents qui sont cultivateurs et éleveurs. M. MARCHON Père emploie deux charretiers domiciliés rue de l’église (Napoléon FONTAINE et son fils Georges) et un vacher Adelphe LECOMTE. Le jeune Benjamin Albert décèdera pendant la guerre en 1918 (inscrit au Monument aux morts d’Illiers où il habitait alors). Le second boulanger, Augustin BOILEAU, a une boutique beaucoup plus imposante au n° 32 puisqu’à cette adresse logent également ses deux ouvriers boulangers. Il dispose également d’un porteur de pain, M. PHILIPPE âgé de 13 ans (qui habite Rue de l’église, chez sa mère, jeune veuve). Son fils Léandre sera cuisinier pâtissier à Chartres en 1906. Cette boulangerie existe toujours actuellement, sise au 11 Grande Rue.

La menuiserie de Charles GENET située au n° 13 semble également imposante puisque le patron y habite avec ses deux apprentis ouvriers de 16 et 13 ans. Charles descend lui-même d’une famille de menuisiers, sur trois générations : Alexandre Armand, son père menuisier dans les années 1860 à 1880, son grand-père Michel Désiré (dans les années 1830 à 1860) et son arrière-grand-père Louis Michel (début XIXème) 

Grande rue - Boulangerie

Grande Rue – A gauche devanture d’une boulangerie ?

Un tourneur, Abel DELANOUE est installé au n° 17.

Les bourreliers, Albert MAUNOURY et Henry HARRANGER sont installés respectivement au n° 18 et 28 de la rue (37 Grande Rue aujourd’hui, la vitrine de son atelier est encore visible). Ils ont chacun un ouvrier qui travaille et loge chez eux. M. MAUNOURY est le fils de Victor qui était déjà bourrelier à Prunay en 1886.

Les charrons sont regroupés au n° 21 et 22 de la rue. Eugène RIGAULT possède la plus grosse « société » puisque 3 ouvriers charrons de 23, 43 et 58 ans travaillent et vivent avec lui. Louis VASSOR, au n° 22, ne compte qu’un ouvrier.

Enfin, n’oublions pas que cette rue abrite l’École des Filles située au n° 23 à l’époque (au n° 27 aujourd’hui). Cette grande bâtisse permet de loger Mme Yveline RECHAUX, la directrice de 45 ans et son adjointe Pauline CORBIERE, 21 ans ainsi que Marie BIGOT, 16 ans, sa nièce. Mélanie RECHAUX (de la famille de la Directrice, probablement sa sœur) y loge également avec son mari André CAILLLEAUX, clerc de notaire et leurs deux enfants en bas âge. 

Ecole des filles

École des Filles – Début 1900

La famille LORIEUX habite au n° 26. Arthur LORIEUX, journalier et sa femme Cécilia DECOURTYE auront 4 fils qui partiront tous à la guerre. Diogène et Georges nés en 1886 et 1891 décéderont en 1915 et 1916. 

Les BLAVOT, cultivateurs au n° 27 perdront quant à eux leur fils Ernest à la guerre en 1914.

Clodius LEGRAND, leur voisin, au n° 28 bourrelier chez HARRANGER, perdra son flls Léon, sellier, pendant le conflit également, en 1915.

 RUE DU BOUT DE PRUNAY

Cette rue n’existe plus sous cette dénomination, le « Bout de Prunay » c’est la rue qui mène en direction de Boinville, elle s’appelle aujourd’hui la rue d’Auneau. Cette rue devait être habitée de nombreuses fermes, c’est pourquoi on trouve essentiellement des cultivateurs et des journaliers. (7 journaliers, 5 cultivateurs)

Charles Henri LEGRAND habite au n° 5. En 1901, Il est cultivateur, marié à Elisabeth PASQUIER. En 1914, lorsqu’il part à la guerre, il est veuf, père de 3 petites filles qu’il ne reverra pas. Il meurt d’une bronchite contractée dans les tranchées pendant la guerre, en 1916.

Au n° 11, Eugène PARAGOT est journalier. Il habite avec sa nièce de 31 ans et son petit neveu : Albert FOURMAS. Né de Père inconnu, Albert succombera lors de la 1ère guerre mondiale, en 1914.

Les DELACHAUME, dont le père est charretier au 14 Bout de Prunay ne reverront pas non plus leur fils Fernand tué à l’ennemi en mars 1918.

Cultivateur, le jeune Alcide LEVASSOR, âgé de 28 ans, marié, un enfant, n’a pas moins de 4 domestiques à son service, logés dans sa ferme (âgés de 12 à 18 ans) au n° 15 de la rue. Sans compter Aimé DELACHAUME, son voisin, charretier  sur son exploitation également. On peut supposer qu’Alcide a hérité de la ferme de son père Narcisse Philéas, lui-même cultivateur, au Bout de Prunay dans les années 1850-1890.

A noter que le marchand de porcs, Jules ESNAULT, habite au n° 8 (au 17 rue d’Auneau actuellement). Ce marchand employait deux jeunes ouvriers pour s’occuper des bêtes, âgés de 20 et 14 ans. Son fils Pierre André prendra la succession et sera également charcutier.

Le garde-champêtre habite au n° 18 avec sa femme et sa belle-sœur, couturière. Celles-ci ont en nourrice deux enfants en bas-âge.

Rue du Bout de prunay vers Boinville

Rue du Bout de Prunay vers Boinville

LES COURS

La plus petite rue de Prunay ne regroupe que 18 « ménages » soit 54 habitants.

Cette rue est peuplée de cultivateurs (5 familles) et de journaliers (4 familles).

On y trouve une petite épicerie tenue par une seule personne : Mme Célestine RIVET veuve LEVASSORT, âgée de 65 ans.

2 maçons : Désiré DELACHAUME et Abel Emile LEVASSORT logent également dans cette rue, respectivement  au n° 4 et au n° 8.

Au ° 9 habitent les ROBERT, une modeste famille de journaliers qui sera particulièrement touchée par la guerre puisque les 3 fils ROBERT : Emile, Henri et Rémi décéderont lors du conflit en 1914 et 1918.

BOINVILLE

Boinville est un hameau qui appartient, dans sa partie Sud à Prunay, à Francourville, pour la Partie Nord, qu’on appelait autrefois « Haut-Boinville ». Ce nom signifie la métairie de la Bove ou des bœufs…

Boinville est  sans conteste le hameau des cultivateurs, pas moins de 26 cultivateurs y habitent ! avec des patronymes identiques : DELACHAUME (x5), FLEURY (x3)…

Les HARANG habitent au n° 1. Le père Alfred est charretier. Il est son propre patron.

Au n° 3 logent les PARIS, cultivateurs avec leurs deux fils : Eugène et Célestin qui reprendront l’exploitation.

Un entrepreneur de battage : M. BRETON est situé au n° 27.

Un charron, Alphonse FLEURY est installé au n° 11 (on dit aussi qu’il était guérisseur, à ses heures perdues).

Comme le hameau est un peu éloigné du bourg principal, un cafetier est installé à Boinville, au n° 15 (aujourd’hui 25 rue Eugène Cellot). Le couple DELACHAUME y emploie une domestique de 16 ans. Leur fils Léon décédera en 1916, lors du conflit mondial.

Café Delachaume - Boinville

Boinville-au-Chemin – Café DELACHAUME, au 1er plan

 

Les LASNE sont journaliers au n° 19. Marie LASNE, leur fils décédera pendant la guerre, en 1915.

Les rentiers sont au nombre de 6. Parmi eux, on compte deux rentières sœurs de plus de 70 ans, Zéphirine et Marie Anne DURAND, situées au n° 21 de  la rue.

Au n° 23, on trouve la famille CINTRAT. Le père Joseph est cultivateur. Son fils Gastion décédera, lors du conflit, en 1916.

Les CARNIS, grande famille de 9 enfants habitent au n° 25. Les 6 garçons de cette famille partiront à la guerre. Paul André y décédera en 1915 des suites de ses blessures.

Au n° 27, Elie BRETON  est entrepreneur de battage et cultivateur.

 Il y a également 2 maçons qui sont d’ailleurs voisins : Charles DELETANG au n° 32 et Ernest PARAGOT au n° 33. Les PARAGOT ont des jumeaux : Gilbert et Gilberte âgés de 5 ans en 1901. En 1916, Ernest décèdera dans la Somme, en 1916. Il avait 20 ans.

La famille CAILLE habite au n° 34. Les trois fils CAILLE reviendront sains et saufs de la guerre.

Idem pour les trois garçons de la famille FLEURY dont le père, Arthur est journalier. La famille garde deux enfants placés en nourrice.

Enfin un vacher, Paul LEPRINCE se trouve au bout du hameau au n° 42.  Il travaille chez M. BRETON.

Boinville - rue principale

Boinville-au-Chemin – Grande Rue

 

FRAINVILLE

Frainville abrite de nombreux cultivateurs et journaliers.

Au n° 4 habite Eugène CHAPISEAU, cultivateur et son fils Gaston qui périra lors de la 1ère guerre mondiale, dès 1914.

Au n° 6, on trouve les RACINET dont le père et le fils sont cultivateurs.

Le facteur, Charles DELACHAUME habite au n° 7

Le charpentier Henri JULIENNE a son atelier au n° 11. Il y travaille avec son père Clodomir 61 ans. Le grand père Jean Etienne l’était également mais à Dammarie.

Situé loin du bourg, Frainville se doit d’avoir un épicier en la personne de Albert LEPRINCE au n° 15 de la rue ainsi qu’un cafetier Julien BRUERE domicilié au n° 21 avec ses 6 enfants.

Au n° 17 habite la famille FOURMOND. Joseph est journalier. Sa fille Gilberte et ses deux petits-enfants : Marthe et Maurice 10 et 7 ans vivent avec lui. Ce sont les enfants de sa fille Alexandrine, cuisinière vivant à Paris, nés de père inconnu. Maurice décédera pendant la guerre, en 1917.

Les FONTAINE, cultivateurs au n° 19 ne reverront pas non plus leur fils Jules Désiré tué à l’ennemi en 1918 dans l’Aisne. Il avait 20 ans

Le charretier M. FOURMONT habite au n° 20. Il emploie un ouvrier Ovide CINTRAT qui habite au n° 31.

A ses côtés, on trouve le seul chaufournier de Prunay et de ses hameaux : Jules Joseph NIOCHAUT. La famille avait un four à chaux qui servait à enduire les murs ou traiter les arbres. Son fils Joseph Arthur exerce le même métier. Une tradition, puisque le père de Jules Joseph, Pierre César exerçait également cette profession, dans les années 1830 dans le même hameau. Les NIOCHAUT emploie un charretier : Elie DELACHAUME, leur voisin, domicilié au n° 23.  

La maçonnerie PARAGOT située au n° 33 semble être assez importante puisqu’en plus de ses deux fils (Hubert et Emile, 16 et 15 ans), le père emploie deux ouvriers : Albert FONTAINE (son voisin) et Fernand BIZARD domicilié au n° 43. La famille compte 6 enfants en 1901. Les 5 garçons partiront à la guerre. Le plus âgé, Hubert, né en 1884, décédera dès août 1914.

Le plus gros propriétaire cultivateur semble être Albert MINARD au n° 35 puisqu’il loge ses 4 domestiques (charretiers et vachers) dans sa propriété. Louis Narcisse LAILLIER habitant au n° 5 travaille chez lui comme berger.

On y trouve encore des rentiers  qui vivent avec leur domestique généralement : Arsène MAUPRÉ au n° 1, Louis BILLETTE au n° 10

A noter, qu’on trouve 4 couturières à Frainville qui sont des femmes de journaliers ou d’artisans.

Frainville - La Mare

Frainville – La mare

 

GÉRAINVILLE

Gérainville compte 14 cultivateurs. (Messieurs GENET (X2), DUVERGÉ (X2) PREVOSTEAU, COUTELET, DECOURTIS…), des journaliers et quelques artisans.  

L’entrepreneur de battage, M. BRETON,  habite au n° 1. Il emploie également un domestique. Son fils Georges prendra sa succession vers 1910. Son autre fils René sera décoré de la Légion d’honneur suite à ses actes de bravoure pendant la guerre. 

Eugène PREVOSTEAU est cultivateur au n° 2 . Wilbrod Leufroy (sic !) GENET est cultivateur au n° 4 , Léonie LHOSTE au n° 5, Ulysse LEGER au N° 6 ; Augustin SAVGNY au n° 8, Louis FOIRET au n° 9.

Un charretier, Wilbrod Napoléon GENET, est domicilié au n° 6

N.B : même si leurs noms et prénoms sont des homonymes : Wilbrod Napoléon et Wilbrod Leufroy GENET ne sont pas frères mais ont un prénom original : Saint WILBROD étant un prêtre  anglais né vers 658, à l’origine…Ce prénom était certainement à la mode à Prunay à la fin du XIXème siècle. Il n’a jamais été redonné depuis !

Les FOIRET emploient 2 domestiques de 22 et 15 ans.

On trouve également un charpentier M. DAVID au n° 16 tandis que le charretier, M. TARDIVEAU est domicilié au n° 22.

Le jardinier, M. GENET, habite au n° 19.

 

LES VAUX

Ce hameau regroupe 8 cultivateurs (BLOTTIN, DECOURTYE, CELLOT, PESCHARD (X2), HULLOT, PARAGOT, PELTIER) et 6 journaliers.

Au n° 2 habitent les DECOURTYE , Madame DECOURTYE, veuve CINTRAT est cultivatrice . Elle gère la ferme avec ses deux fils de 20 et 18 ans. La famille logé également un domestique, un vacher : Eugène LEFEVRE, 25 ans.

Joseph BOUET, domicilié au n° 5 est charretier chez M. DESEYNE, à Crossay.

Edouard BLAVOT est cultivateur au n° 8. Son fils Georges décédera, dès le début de la 1ère guerre mondiale, le 26 septembre 1914 à Champien (Somme).

A ses côtés plusieurs cultivateurs comme les POUPARD au n° 9, les CELLOT au n° 1, les PESCHARD au n° 11 et 12, les HULLOT au n° 14, les PARAGOT eu n° 17, les PELTIER au n° 18. Ces sont de petites exploitations car ils n’ont pas de domestiques de ferme à leur service.

Le cantonnier, Félix PARAGOT habite au n° 13.

Les deux bergers du hameau M. BESNARD (au n° 6)  et M. GUERIN (au n° 15) travaillent respectivement chez M. AUBERT et chez M. ISAMBERT.

M. GUERIN est père de 3 garçons qui reviendront tous sains et saufs de la guerre.

Taurin IMBAULT est journalier au n° 21 de la rue. Ils ont 5 enfants dont 4 garçons qui partiront à la guerre. Louis Laurent décédera à 21 ans, le 25 octobre 1916 à Belloy-en-Santerre (Somme).

Les BLOTTIN habite au n° 23 des Vaux avec leurs 7 enfants ! Mme BLOTTIN exerce la profession de couturière. Leur fils Marie Eugène sera mobilisé pendant presque toute la guerre et décédera sur le front en mai 1918.

 

CROSSAY

A Crossay, le plus gros cultivateur s’appelle Fernand Eugène DESEYNE. Il habite au n° 1 (probablement la ferme située en face de la mare actuelle). François est fils et petit-fils de cultivateurs. Son grand-père Pierre Jean François était maire de Prunay dans les années 1860. Il a épousé la fille du médecin et maire de Prunay : Irène AUBRY. Il a 6 domestiques qui logent chez lui et de nombreux habitants de Prunay et ses hameaux travaillent également pour lui. Ainsi en est-il de Charles TEXIER, charretier et de Léon LEVASSORT domiciliés rue de l’église. Octave DURAND, berger, domicilié 7 Bout de Prunay travaille également pour lui.

Les autres cultivateurs gèrent de plus modestes exploitations : les TRILLON au n° 2, CHARTIER au n° 6, SINAULT au n° 12, NOILLEAU et ses 4 enfants au n° 13.

Les frères POULLAIN domiciliés au n° 3,4 et 9 sont également cultivateurs. Un autre POULLAIN, Gabriel est cantonnier au n° 11.

Les CHARTIER, belle-mère et belle-fille âgées de 86 et 58 ans sont rentières et domiciliées au n° 5

Adelphe CINTRAT cultivateur au n° 8, emploie également 5 domestiques : 1 domestique, 1 vacher, 2 bergers, 1 charretier.  

Le hameau compte aussi une mercière Mme EMANGEARD, femme de DECOURTYE, berger au n° 7 et une couturière Mme POULLAIN Irène fille du cantonnier.

Crossay - Grande ferme

Crossay – Ferme DESSEYNE ?

Crossay

Crossay – Vue de la mare vers Prunay

 

YMORVILLE

Ymorville compte 3 cultivateurs  qui sont voisins et situés au bout du village : M. LEGRAND au n° 5, M.  GRANGER au n° 6 et M DESFERTILLES au n° 7,

Il y a également des journaliers : les LEMAIRE au n° 1, les CHAPISEAU au n° 3

Un charretier Jules Georges BRETON est domicilié au n° 2 ; Il a 7 enfants. L’aîné Charles Albert décédera pendant la 1ère guerre, le 26/10/1918.

Une rentière, Mme PHILIPPE, veuve PAPILLON âgé de 82 ans vit au n° 4 avec son fils Louis PAPILLON, journalier.

FLOSVILLE

Flosville est un lieu-dit situé entre Sours et Prunay. Comme actuellement il est constitué d’une unique ferme. A l’époque, elle appartenait à Adelmar FOURMOND. Un vacher habite la ferme Victor FOUASSE.  

LE HASARD

Au Hasard Lieu-dit près de Prunay (au bord de l’ancienne N154) il n’y a qu’une exploitation agricole appartenant à Georges DRAMARD et qui compte 6 domestiques, 3 charretiers, 1 berger, 2 domestiques. Il n’a qu’un fils, André, Caporal dans l’armée, qui  décèdera à 27 ans, lors de la 1ere Guerre Mondiale.

AUGERVILLE

A Augerville, il n’y a qu’une ferme dirigée par Alfred DRAMARD et sa femme Juliette. Ils ont deux enfants  : Etienne et Elise et 5 domestiques à leur service : deux charretiers, un vacher et deux domestiques de ferme. Un berger Eugène CINTRAT, demeurant aux Cours, à Prunay, travaille également pour lui. Les DRAMARD d’Augerville sont en famille avec ceux du Hasard. Alfred DRAMARD est le fils de Juste Augustin qui était déjà cultivateur à Augerville en 1852. Juste Augustin a eu 13 enfants dont Alfred, son succeseur à Augerville et Clovis Eugène. Clovis Eugène a quitté Le hasard pour s’installer à Flosville où il décède en 1864 à 32 ans. Son fils Georges s’installera au Hasard à la fin du XIXème siècle. Augerville a abrité une léproserie d’où son surnom : Augerville-Les-Malades

Augerville-les-Malades

Augerville-les-Malades

 

Article mis à jour le 11/05/2017 par Carine VANNEAU aux Vaux.

Les cartes postales présentées ici font partie de ma collection personnelle et sont, à ma connaissance, libres de droit.

AVIS DE RECHERCHE

Si vous possédez des cartes postales anciennes illustrant davantage les rues, artisans, commerces présentés dans cet article, je me ferai un plaisir de les rajouter à ce document.

Toute correction, témoignage ou complément d’information sont les bienvenus pour éviter toute incohérence historique et poursuivre au mieux ce travail de mémoire sur Prunay…

Carine VANNEAU